Crédit:

Le premier ministre de RDC, un poste à suprimer

Il n’existe pas de critères objectifs pour devenir Premier ministre en République Démocratique du Congo. Il est nommé et non élu et la constitution ne lui attribue pas assez de tâches. Pourtant, c’est lui qui engage le gouvernement devant le parlement et par ricochet, devant le peuple. La plupart des gens accèdent à ce poste à cause d’un besoin de règlement d’une situation politique ou par souci d’équilibre géostratégique et non en fonction de leurs compétences. Voilà un des postes à supprimer.

Symbole de la RDC © Photo Pixabay

 

Le premier ministre n’a pas de mandat précis, à tout moment il peut être remplacé selon les desiderata de celui qui le nomme, le Président de la République. Il est fréquent d’entendre parler du gouvernement X, Y ou Z sous une mandature d’un président. Aussi, certaines matières sensibles (la défense nationale et les affaires étrangères) sont le domaine de collaboration entre le premier ministre et le Président de la République. Mais dans la pratique, les questions qui y sont relatives (sécurité, armée, diplomatie…) échappent bien souvent au contrôle du premier ministre en devenant des privilèges présidentiels.

Endosser les erreurs des autres

Dans la constitution de la RDC, il est écrit que le premier ministre forme le gouvernement dont il est le chef. Dans la pratique, il n’en a pas l’autonomie d’initiative. Le conseil des ministres est présidé par le Président de la République, qui joue le rôle de coach, le premier ministre étant une sorte de capitaine de l’équipe dans laquelle il joue selon le système de jeu défini par le coach. Ainsi, le capitaine n’a pas l’initiative de changement du système de jeu, c’est le coach qui en décide et qui sait qui remplacer, quand et par qui.

Le Président de la République n’étant pas responsable devant le parlement (car il n’est pas gestionnaire), ses actes administratifs et financiers sont placés sous la responsabilité du premier ministre qui les contresigne. Ainsi, tout dérapage du Président ou de la présidence retombe sur la tête du premier ministre qui en répond au parlement. Au même moment, le premier ministre, issu d’un compromis, n’a pas de contrôle suffisant sur les ministres, aussi longtemps que ces derniers ont la confiance du chef de l’État et de leurs familles politiques. Je ne connais pas, dans l’histoire récente du pays, le cas d’un ministre sanctionné par le premier ministre. A part le cas de retard des ministres aux réunions du gouvernement que Matata Ponyo essayait en vain de punir.

Rester seulement en ordre avec le raïs et le parti politique

Face au président soucieux de séduire les peuples et de consolider sa légitimité pour renouveler son mandat, le premier ministre s’efface dans l’action publique menée de main de maître par son chef-Président qui se dit « Homme de terrain ». On se demande qui doit rapport de terrain à qui entre le président et le premier ministre.

Ainsi, le premier ministre n’a aucune possibilité de maîtrise de l’économie nationale. On nomme les Administrateurs Délégués Généraux et des présidents des conseils d’administrations des régies financières sur base des calculs politiques et non sur base des compétences. Le premier ministre se contente de lire les rapports qu’ils lui fournissent sans aucune possibilité de les remettre en question tant qu’ils sont en odeur de sainteté avec le pourvoyeur du poste.

Le poste de premier ministre devient plus un avantage politique négociable qui est en jeu à toute occasion de tractations politiques. Il suffit qu’un dialogue ou des concertations soient convoquées pour que le mandat du premier ministre soit clôturé. Ainsi, ce poste devient un poste de jouissance et non de responsabilité. Voulez-vous étaler votre incompétence ? Devenez premier ministre en RDC.

Partagez

Auteur·e

salamaonline

Commentaires