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« Droit chemin » : cet album qui marque la cinquième génération de la musique congolaise

Ce 10 juin 2022, l’album « Droit Chemin » du musicien congolais Fally Ipupa totalise 16 ans. Sorti le 10 juin 2006, ce 1er album solo de l’artiste depuis son départ du Quartier Latin de Koffi Olomide, est toujours considéré comme l’album qui a lancé la « 5ème Génération » de la musique congolaise.

« Olingi lola… droit chemin, olingi mosala… droit chemin… », exprime en chœur le message essentiel de la chanson « Droit chemin » de 9 minutes 17 secondes et qui porte le titre de l’album. « J’ai commencé à danser ce son quand j’avais 7 ans. Aujourd’hui j’ai 23 ans et je danse encore avec joie. C’est fou que je maîtrise encore bien la chorégraphie Big UP à toi Fally », explique Serge Bekale Nguema, un grand fun de cet artiste. « Le dernier album que j’ai savouré, je connaissais presque toutes les chansons par cœur, avec le temps j’ai presque tout oublié », soutient Joël Mukuna Tshimbombo, un autre fun.

Selon plusieurs sources, la conception de « Droit Chemin » avait débuté alors que Fally Ipupa faisait encore partie du groupe Quartier Latin de Koffi Olomidé. Il devenait le 2ème musicien (après le batteur Titina Al Capone) à être autorisé à enregistrer un album solo, tout en étant membre du groupe. Mais à la suite de dissensions avec Koffi, il quitte le Quartier Latin et signe alors, début 2006, un contrat avec le label « Obouo Music » du producteur ivoirien David Monsoh. Ce dernier avait déjà produit deux albums de Koffi : « Effrakata (2001) et Affaire d’État (2003) », période à laquelle Fally Ipupa était chef d’orchestre du Quartier Latin.

La chanson droit chemin et qui porte le titre même de l’album

Un véritable chef-d’œuvre

Lors d’une interview réalisée en 2005 avec le chroniqueur Naty Lokolé, Fally annonce que son 1er album se nommera Droit Chemin et qu’il a pris la décision de faire un album solo car il avait déjà plusieurs chansons écrites et composées et qu’il était temps pour lui d’avoir son propre opus.

L’album « Droit Chemin » se compose de 12 titres accompagnés d’un titre bonus, « Mioleseke », présent sur le DVD bonus car le CD, étant limité à 80 minutes, ne permettait pas d’ajouter une 13ème piste. Il invite en featuring le rappeur français d’origine congolaise Ben-J des Nèg’ Marrons sur le titre « Sopeka » et la chanteuse congolaise Barbara Kanam sur le titre « 100% Love ».

Cet album se démarque de la généralité des albums congolais en y abordant un style basé sur le « Ndombolo » pour les pistes dansantes tel que : Droit chemin et Bakandja mais aussi la rumba pour les pistes plus douce tel que : Liputa, Attente, Orgasy ou encore Associé (qui fait penser aux rumbas congolaises des années 80 du T.P OK Jazz avec les trompettes) et adopte un tempo plus R&B/Pop rarement entendu sur les musiques congolaises sur les titres : « Sopeka, Mioleseke, 100% Love et Prince de Southfork ». La totalité de l’album est enregistré et mixé au studio de la Grande Armée à Paris.

Mioleseke, le titre bonus de l’album droit chemin

Plusieurs musiciens, ancien du Quartier Latin de Koffi, travailleront avec Fally sur cet album, tels que les chanteurs Montana Kamenga et Modogo Abarambwa, l’animateur Apocalypse, les guitaristes Felly Tyson, Fofo Le Collégien, Binda Bass et le batteur Titina Al Capone.

La cinquième génération de la musique congolaise

« Droit Chemin » a toujours été considéré comme l’album qui a lancé la « 5ème Génération » de la musique congolaise. Avec plus de 100.000 exemplaires vendus en France, l’album a été certifié disque d’or en 2007. Il restera à jamais un grand classique de la musique congolaise.

En effet, la première génération de la musique congolaise se situe entre les années 1930 et 1950 avec la fusion de la musique traditionnelle de la région de Léopoldville et d’autres styles de musique, notamment afro-cubains et haïtiens ainsi qu’avec d’autres styles qui sont venus de l’Amérique latine. Ce qui avait donné naissance à des styles très variés. Mais le style cubain surpasse tout et la musique congolaise obtient son premier nom : la rumba congolais. Le chanteur le plus connu de cette époque est Wendo Kolosoy.

La deuxième génération (1950-1970) est celle qui a donné naissance à la musique congolaise moderne. Les artistes les plus connus sont les pionniers de la musique moderne : Grand Kallé avec son « African Jazz », Luambo Makiadi Franco avec son « OK Jazz » devenus « TP OK Jazz », Tabu Ley Rochereau qui a formé « African fiesta » avec Docteur Nico. En cette période, la musique du Congo est connue sous le nom de « Soukous » qui prend ses racines dans la rumba des années 1950, et dont le nom est une déformation du mot « Secousse ».

La troisième génération (1970-1990) est marquée par la naissance de groupe Zaïko Langa Langa qui produit des musiciens dont Papa Wemba qui à son tour a créé Viva La Musica, Koffi Olomidé, King Kester Emeneya issu de Viva La Musica, Pepe Kalle avec L’Empire Bakuba, Kanda Bongo Man, Tshala Muana avec le Mutuashi, Defao, Big star, Ntesa Nzitani Dalienst, Sam Mangwana, Mayaula Mayoni, Négro Succès, Thu Zahina, Géo Malebo, Bella Bella, Festivals des Maquisards, Les Grands Maquisards, Kintueni National, Kintueni Yombe, Zembe Zembe, Tabou National, Afrizam, Makinaloka, Kossa Kossa, Isifi Lokole, Yoka Lokole, etc.

La quatrième génération (1990-2010), quant à elle, est marquée par l’ascension du groupe musical « Wenge Musica ». C’est l’époque de la gloire de la musique congolaise. La musique du Congo prend le nom de « Ndombolo ». Les figures marquantes de cette époque sont les chanteurs Werrason, JB Mpiana, Koffi Olomidé, et leur groupe Wenge Musica Maison Mère et Quartier Latin International qui feront découvrir les deux stars congolaises Ferré Gola et Fally Ipupa.

La cinquième génération, commence à 2010. Elle marque la naissance des deux figures : Fally Ipupa (ex-musicien du groupe Quartier Latin de Koffi Olomidé durant 7 ans, de 1999 à 2006) et de Ferré Gola (ex-musicien du groupe Wenge Musica de 1995 à 1997). La cinquième génération débute en réalité en 2006 avec la sortie des premiers albums solos de Fally Ipupa et Ferré Gola étant respectivement « Droit Chemin » et « Sens Interdit » .

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Auteur·e

salamaonline

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