A Beni et Butembo deux villes distantes l’une de l’autre de 54 Km et situées à l’est de la RDC au Nord-Kivu, des habitants n’ont pas voulu rester à l’écart des élections triplées présidentielles, législatives nationales et provinciales de dimanche 30 décembre. Ils ont fait recours à une simulation de vote dans des bureaux improvisés. L’acte posé enthousiasme et déstresse nombreux.

Dimanche 30 décembre, la RDC se choisit ses dirigeants pour 5 ans (constitutionnels) à la présidence de la République ainsi qu’aux assemblées nationale et provinciales. Mais le 26 décembre, la CENI (Commission électorale nationale indépendante) a exclu trois circonscriptions électorales de ses élections. Il s’agit du territoire de Beni, des villes de Butembo et Beni au Nord-Kivu, à l’est, et de Yumbi dans le Maindombe, à l’Ouest du pays. La CENI parle de problème d’insécurité et d’Epidémie d’Ebola à Beni et Butembo, et des conflits armés à Yumbi. Unis par la colère de se trouver à l’écart de ce grand rendez-vous, des bureaux de vote à ciel ouvert s’improvisent et déstressent nombreux des Bubolais (habitants de Butembo).
Des bureaux de vote à ciel ouvert
Au rond-point Nziapanda, à la sortie Sud de la ville de Butembo, des conducteurs des motos taxis improvisent une élection. Ils se cotisent pour acheter un cahier dans lequel ils arrachent des papiers à la volée, les découpes en petits morceaux pour servir de bulletin de vote. C’est sur ce bout de papier que l’électeur marque les différents numéros de ses candidats à l’aide d’un stylo. « Il faut commencer par le numéro du président, puis celui du candidat à la députation nationale et enfin celui de la députation provinciale », lance le chef du parking, autoproclamé président de ce bureau de vote. Après cette étape, on glisse son bulletin dans un carton qui sert d’urne pour la circonstance.

Les électeurs ne sont pas seulement des conducteurs des motos taxis. L’engouement y est observé. Des gens affluent des tous les quartiers situés dans les environs de ce carrefour. Jeunes et vieux, hommes et femmes s’y rendent pour, selon leurs dires, remplir leur devoir civique. Les règles d’hygiène entrent en contribution. Un kit de lavage des mains est mobilisé. Avant d’obtenir son bulletin de vote, il faut d’abord se laver les mains pour limiter les risques de contamination de la maladie d’Ebola. La même scène a été visible en ville de Beni, à environs 350 Km au nord de Goma. Six bureaux de vote, répartis dans quatre communes.
Limiter la nostalgie d’élire
Une vingtaine de bureaux de vote à ciel ouvert fonctionne jusqu’au soir. A Mutsanga à l’est de la ville et à Furu à la sortie Nord, deux points chauds et bases des deux groupes de pression dont la véranda Mutsanga et le parlement débout de Furu, pour élire dans ces bureaux improvisés il faut d’abord exhiber sa carte d’électeur. Sans ce document, on ne fait pas partie des électeurs. « Nous ne sommes pas rassurés qu’il y aura élection même en mars. C’est notre manière de prouver que nous avions la nostalgie de contribuer au changement dans ce pays », s’enthousiasme une dame à la sortie du bureau de vote de Mutsanga, visiblement contente de voter dans ces conditions.
Un autre membre du bureau de Furu nous explique que vers 18h00, chaque bureau va procéder au dépouillement de ses votes et les résultats seront envoyés au Bureau de la CENI antenne de Butembo ainsi qu’à la MONUSCO. « Même si nos résultats ne seront pas envoyés à Kinshasa, au moins le monde va savoir la tendance des élections dans notre ville de Butembo », explique un jeune de la Véranda Mutsanga, un des groupes de pression. Pour d’autres, c’est un exercice qui montre au gouvernement que ce que lui n’a pas su organiser en cinq eux sont à mesure de le faire en deux jours. Reste à savoir, le crédit à accorder à ces scrutins fictifs.
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