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« Droit chemin » : cet album qui marque la cinquième génération de la musique congolaise

Ce 10 juin 2022, l’album « Droit Chemin » du musicien congolais Fally Ipupa totalise 16 ans. Sorti le 10 juin 2006, ce 1er album solo de l’artiste depuis son départ du Quartier Latin de Koffi Olomide, est toujours considéré comme l’album qui a lancé la « 5ème Génération » de la musique congolaise.

« Olingi lola… droit chemin, olingi mosala… droit chemin… », exprime en chœur le message essentiel de la chanson « Droit chemin » de 9 minutes 17 secondes et qui porte le titre de l’album. « J’ai commencé à danser ce son quand j’avais 7 ans. Aujourd’hui j’ai 23 ans et je danse encore avec joie. C’est fou que je maîtrise encore bien la chorégraphie Big UP à toi Fally », explique Serge Bekale Nguema, un grand fun de cet artiste. « Le dernier album que j’ai savouré, je connaissais presque toutes les chansons par cœur, avec le temps j’ai presque tout oublié », soutient Joël Mukuna Tshimbombo, un autre fun.

Selon plusieurs sources, la conception de « Droit Chemin » avait débuté alors que Fally Ipupa faisait encore partie du groupe Quartier Latin de Koffi Olomidé. Il devenait le 2ème musicien (après le batteur Titina Al Capone) à être autorisé à enregistrer un album solo, tout en étant membre du groupe. Mais à la suite de dissensions avec Koffi, il quitte le Quartier Latin et signe alors, début 2006, un contrat avec le label « Obouo Music » du producteur ivoirien David Monsoh. Ce dernier avait déjà produit deux albums de Koffi : « Effrakata (2001) et Affaire d’État (2003) », période à laquelle Fally Ipupa était chef d’orchestre du Quartier Latin.

La chanson droit chemin et qui porte le titre même de l’album

Un véritable chef-d’œuvre

Lors d’une interview réalisée en 2005 avec le chroniqueur Naty Lokolé, Fally annonce que son 1er album se nommera Droit Chemin et qu’il a pris la décision de faire un album solo car il avait déjà plusieurs chansons écrites et composées et qu’il était temps pour lui d’avoir son propre opus.

L’album « Droit Chemin » se compose de 12 titres accompagnés d’un titre bonus, « Mioleseke », présent sur le DVD bonus car le CD, étant limité à 80 minutes, ne permettait pas d’ajouter une 13ème piste. Il invite en featuring le rappeur français d’origine congolaise Ben-J des Nèg’ Marrons sur le titre « Sopeka » et la chanteuse congolaise Barbara Kanam sur le titre « 100% Love ».

Cet album se démarque de la généralité des albums congolais en y abordant un style basé sur le « Ndombolo » pour les pistes dansantes tel que : Droit chemin et Bakandja mais aussi la rumba pour les pistes plus douce tel que : Liputa, Attente, Orgasy ou encore Associé (qui fait penser aux rumbas congolaises des années 80 du T.P OK Jazz avec les trompettes) et adopte un tempo plus R&B/Pop rarement entendu sur les musiques congolaises sur les titres : « Sopeka, Mioleseke, 100% Love et Prince de Southfork ». La totalité de l’album est enregistré et mixé au studio de la Grande Armée à Paris.

Mioleseke, le titre bonus de l’album droit chemin

Plusieurs musiciens, ancien du Quartier Latin de Koffi, travailleront avec Fally sur cet album, tels que les chanteurs Montana Kamenga et Modogo Abarambwa, l’animateur Apocalypse, les guitaristes Felly Tyson, Fofo Le Collégien, Binda Bass et le batteur Titina Al Capone.

La cinquième génération de la musique congolaise

« Droit Chemin » a toujours été considéré comme l’album qui a lancé la « 5ème Génération » de la musique congolaise. Avec plus de 100.000 exemplaires vendus en France, l’album a été certifié disque d’or en 2007. Il restera à jamais un grand classique de la musique congolaise.

En effet, la première génération de la musique congolaise se situe entre les années 1930 et 1950 avec la fusion de la musique traditionnelle de la région de Léopoldville et d’autres styles de musique, notamment afro-cubains et haïtiens ainsi qu’avec d’autres styles qui sont venus de l’Amérique latine. Ce qui avait donné naissance à des styles très variés. Mais le style cubain surpasse tout et la musique congolaise obtient son premier nom : la rumba congolais. Le chanteur le plus connu de cette époque est Wendo Kolosoy.

La deuxième génération (1950-1970) est celle qui a donné naissance à la musique congolaise moderne. Les artistes les plus connus sont les pionniers de la musique moderne : Grand Kallé avec son « African Jazz », Luambo Makiadi Franco avec son « OK Jazz » devenus « TP OK Jazz », Tabu Ley Rochereau qui a formé « African fiesta » avec Docteur Nico. En cette période, la musique du Congo est connue sous le nom de « Soukous » qui prend ses racines dans la rumba des années 1950, et dont le nom est une déformation du mot « Secousse ».

La troisième génération (1970-1990) est marquée par la naissance de groupe Zaïko Langa Langa qui produit des musiciens dont Papa Wemba qui à son tour a créé Viva La Musica, Koffi Olomidé, King Kester Emeneya issu de Viva La Musica, Pepe Kalle avec L’Empire Bakuba, Kanda Bongo Man, Tshala Muana avec le Mutuashi, Defao, Big star, Ntesa Nzitani Dalienst, Sam Mangwana, Mayaula Mayoni, Négro Succès, Thu Zahina, Géo Malebo, Bella Bella, Festivals des Maquisards, Les Grands Maquisards, Kintueni National, Kintueni Yombe, Zembe Zembe, Tabou National, Afrizam, Makinaloka, Kossa Kossa, Isifi Lokole, Yoka Lokole, etc.

La quatrième génération (1990-2010), quant à elle, est marquée par l’ascension du groupe musical « Wenge Musica ». C’est l’époque de la gloire de la musique congolaise. La musique du Congo prend le nom de « Ndombolo ». Les figures marquantes de cette époque sont les chanteurs Werrason, JB Mpiana, Koffi Olomidé, et leur groupe Wenge Musica Maison Mère et Quartier Latin International qui feront découvrir les deux stars congolaises Ferré Gola et Fally Ipupa.

La cinquième génération, commence à 2010. Elle marque la naissance des deux figures : Fally Ipupa (ex-musicien du groupe Quartier Latin de Koffi Olomidé durant 7 ans, de 1999 à 2006) et de Ferré Gola (ex-musicien du groupe Wenge Musica de 1995 à 1997). La cinquième génération débute en réalité en 2006 avec la sortie des premiers albums solos de Fally Ipupa et Ferré Gola étant respectivement « Droit Chemin » et « Sens Interdit » .


Trop de députés avec des pages blanches au parlement congolais

Le 14 mars 2022, c’était la fin des trois mois de vacances parlementaires en RDC. Des honorables sont censés profiter de cette période pour se rendre dans leurs bases afin de s’enquérir de la situation de leurs électeurs. Par la suite, ils produisent un rapport sur les difficultés auxquelles sont confrontées les populations. Mais, nombreux sont des députés qui viennent avec des pages blanches.

Le rapport du groupe d’étude sur le Congo, du 9 mars 2022, à travers le projet « Talatala » indique qu’entre juin 2020 et mars 2021, 150 sur 181 circonscriptions électorales ont été couvertes par un rapport des vacances parlementaires. Autrement dit, 31 autres n’ont pas été concernées car, très souvent, aucun de leurs députés ne s’y est rendu.

Ces chiffres deviennent inquiétants lorsque l’on considère le nombre des députés qui ont déposé leur rapport de vacances parlementaires : seulement 287 sur 500. Ce qui voudrait dire que 40 % des députés n’ont pas séjourné dans leurs circonscriptions pendant les vacances parlementaires. En cause : ils sont nombreux à ne pas séjourner dans leurs circonscriptions, préférant passer leurs vacances soit à Kinshasa, soit à l’étranger.

En effet, pour la première fois depuis le début de la législature, les députés ont débattu, le 21 octobre 2021, des conclusions de la synthèse des rapports des vacances parlementaires. Ce jour-là, l’Assemblée nationale vit, sans grand bruit, une petite révolution. Jusqu’ici, ces documents n’avaient jamais été soumis en plénière pour délibération. Ils étaient simplement approuvés sans débat.

Des recommandations sans suite

La majorité des circonscriptions abandonnées par leurs élus se situe dans la capitale Kinshasa, les régions de l’ancienne province du Bandundu et celles du Nord-ouest, dans l’ex-Equateur et du Kasaï. « Le territoire de Tshikapa, dans la province du Kasaï, est la circonscription la plus délaissée par ses députés. Aucun de ses sept députés n’a rendu un rapport », affirme le baromètre de l’activité parlementaire.

Pourtant, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale stipule : « Pendant les vacances parlementaires, chaque député séjourne, d’une façon ininterrompue, pendant un mois au moins dans sa circonscription électorale (…). À la fin des vacances parlementaires, le député dresse, conformément au canevas établi par le Bureau de l’Assemblée nationale, et dépose auprès de ce dernier, un rapport sur la vie politique, administrative, économique, sociale et culturelle de l’entité ».

Mais certains députés se dédouanent qu’ils sont « fatigués », car leurs recommandations ne sont jamais prises en compte. D’autres font état de l’enclavement de leurs circonscriptions avec comme conséquence le coût élevé de leur déplacement, alors que l’Assemblée ne prévoit pas de défraiement. Un argument qui ne tient pas debout pour le cas de Kinshasa. « Sur 55 députés de la capitale, seulement 27 ont déposé leur rapport », relève le GEC (Groupe d’Etude sur le Congo).

Paresse et déficits méthodologiques

« Plusieurs raisons sont à la base de cette mauvaise habitude », nous explique Honorable Remy Mukweso a l’issue de ses vacances en ville de Butembo, en province du Nord-Kivu. Il poursuit qu’il y a d’abord un grand nombre de députés qui négligent les vacances parlementaires et préfèrent rester à Kinshasa. « De deux, c’est la paresse de rédiger le rapport. Certains députés sont trop paresseux, ils n’ont pas le temps de rédiger un rapport ». Pourtant plusieurs députés ont des assistants parlementaires. « Mais il peut arriver que lui aussi n’a pas des capacités de rédiger un rapport parlementaire », embraye-t-il.

Des élus confondent séjourner dans la circonscription électorale et passer réellement les vacances parlementaires.

Aussi la constitution et la loi électorale offrent à des personnes ayant de profils variés de se retrouver dans les assemblées nationale et provinciale. Certains peuvent avoir des aptitudes à rédiger des rapports et d’autres non. « Les assemblées nationale et provinciale ont autorisé aux élus de se faire aider par les assistants et qui payés par les Assemblées, mais les députés, plutôt que de recruter des assistants compétents, capables de les accompagner dans la réalisation de ce devoir de produire les rapports des vacances ils préfèrent nommer leurs épouses, frères, enfants ou militants ayant participé à la campagne. Et malheureusement qui n’ont pas des capacités exigées par la particularité du travail d’assistant parlementaire », déplore Kighusu Richard, universitaire et chercheur en planification régionale.

Selon Maître Sekera Kivasuvwamo, assistant du député provincial du Nord-Kivu, Kalendi Pamugi, ces rapports sont censés édifier aussi bien la représentation nationale que le gouvernement qui doit travailler au quotidien sur les solutions à apporter aux problèmes de la population dans chaque coin de la République. « De mon point de vue c’est un indice d’une faible conscience de la responsabilité qui est la leur », indique-t-il.

Docteur en Science politique et administrative, Professeur Augustin Kahindo Muhesi Augustin pense qu’il y a aussi un déficit de formation en  matière de récolte des données et de rédaction des rapports parlementaires. « Nos élus confondent séjourner dans la circonscription électorale (question de réanimer les électeurs pour être sûrs de leur soutien aux prochaines échéances électorales) et passer réellement les vacances parlementaires. En allant dans leurs fiefs, les députés y vont pour juste raviver l’électorat et y distribuer des biens, de l’argent et des promesses, afin de maintenir les électeurs sous leur contrôle », indique Kighusu Richard.

Absence des sanctions

Nombreux sont aussi ceux qui pensent qu’il y a manque de rigueur du bureau de l’assemblée nationale pour obliger chaque député de déposer son rapport parlementaire. « Il y a aussi absence de sanction pour ceux qui ne rendent pas leurs rapports », indique Professeur Augustin Kahindo Muhesi. « C’est donc une défaillance et un manquement à ses obligations pour un député national ou provincial quand on ne présente pas son rapport des vacances parlementaires », se désole Maître Sekera.

Lors d’une émission de tribune de la presse « Paroles au pluriel », une émission diffusée sur plusieurs radios de Butembo et environs, des intervenants constatent que des députés rendent plus compte et se défoulent dans les réseaux sociaux et certains médias de leur obédience que de représenter la population. « Deux choses essentielles préoccupent nos députés. La première c’est sa survie et celle de sa famille. La deuxième c’est sa réélection. Le reste n’est pas une priorité… », pense Wema Kennedy, journaliste-écrivain et chercheur et qui intervient de fois dans cette émission.

Concrètement aucun député n’a peur de rien, en terme de sanction pour n’avoir pas déposé un rapport des vacances parlementaires. « Les assemblées devraient aller jusqu’à retenir les frais liés aux vacances parlementaires pour les députés qui ne rendent pas compte. Il s’agit de considérer ce manquement au même titre que le détournement des fonds publics et le sanctionner comme tel ».


Quand mon assassin me crie au secours !

Faut-il l’abandonner pour son boss le retrouve et lui règle son compte ? Faut-il l’aider ? L’embarras du choix persiste…

C’est un ami, un condisciple, un « co-villageois ». Je ne pouvais imaginer ce que je viens d’attendre. Wangakwire, c’est cet homme qui me pousse à écrire. Lui et moi, avons ensemble ensemble avant que la cherté de la vie ne nous amène chacun de son côté.

A l’école comme à la maison, à la chasse comme à la nage, nous étions comme deux fesses dans une même culotte. Il n’y a pas une semaine qu’il a été chez moi. Il est venu me voir pour que je lui sauve la vie, mais sans succès.

En effet, mon ami Wangakwire a reçu de l’argent de l’un de ses complices contre ma tête. Il était chargé de s’occuper de moi et de mettre fin à ma vie, par n’importe quel moyen. L’essentiel étant que je meurs. Celui que je prenais pour mon frère a, selon ses propres paroles, pris une bonne quantité de poison, la meilleure qualité qui puisse exister dans ce domaine.

Comme d’habitude, Madame mon épouse nous présente un repas copieux. Mais l’homme a un autre objectif. En pleine table, alors que je sortais pour secourir un enfant qui venait de faire un faux pas, l’ami opère. Il assaisonne mon plat. Il est pressé et ne s’en rend pas compte. Il confond son produit – un poison – avec un autre qu’il venait de se procurer chez un guérisseur du quartier pour augmenter sa libido.

L’homme à tout confondu

Quand il fallait donner rapport à celui qui l’a envoyé, il est surpris. Sans aucun regret, il rentre en se félicitant, parce qu’il devait retirer le reste de ses honoraires. Toute la quantité est là. Le boss se fâche et veut le rosser. L’homme se sauve avec de réelles et graves blessures. Le boss a tout mis en action pour que l’homme soit retrouvé et tué.

C’est de sa cachette que l’ami Wangakwire m’écrit, « Je veux te voir, STP ! ». C’est la seule phrase que je vois sur le bout de papier qu’il a remis à sa fille et qu’il a ensuite envoyé chez moi. Je viens et le trouve trop abattu, souffrant, avec des grosses plaies sans soins. Il ne veut pas se montrer, de peur qu’il ne soit intercepté par la meute du boss. Mon assassin me raconte tout et me dit qu’il n’a aucun autre ami pouvant l’aider à part moi. Quelle aide veut-il de moi ? Une somme d’argent pour qu’il quitte la ville.

Je pense encore à ce que seraient mon deuil, ma veuve, mes orphelins… J’ai du mal à penser que je vis encore, et je ne sais pas répondre à celui que j’appelais ami et frère. Je ne sais pas demander conseil à celle qui serait aujourd’hui veuve. Je connais sa réponse.

Et lui est là. Il m’attend pour que je le sauve.


Le premier ministre de RDC, un poste à suprimer

Il n’existe pas de critères objectifs pour devenir Premier ministre en République Démocratique du Congo. Il est nommé et non élu et la constitution ne lui attribue pas assez de tâches. Pourtant, c’est lui qui engage le gouvernement devant le parlement et par ricochet, devant le peuple. La plupart des gens accèdent à ce poste à cause d’un besoin de règlement d’une situation politique ou par souci d’équilibre géostratégique et non en fonction de leurs compétences. Voilà un des postes à supprimer.

Symbole de la RDC © Photo Pixabay

 

Le premier ministre n’a pas de mandat précis, à tout moment il peut être remplacé selon les desiderata de celui qui le nomme, le Président de la République. Il est fréquent d’entendre parler du gouvernement X, Y ou Z sous une mandature d’un président. Aussi, certaines matières sensibles (la défense nationale et les affaires étrangères) sont le domaine de collaboration entre le premier ministre et le Président de la République. Mais dans la pratique, les questions qui y sont relatives (sécurité, armée, diplomatie…) échappent bien souvent au contrôle du premier ministre en devenant des privilèges présidentiels.

Endosser les erreurs des autres

Dans la constitution de la RDC, il est écrit que le premier ministre forme le gouvernement dont il est le chef. Dans la pratique, il n’en a pas l’autonomie d’initiative. Le conseil des ministres est présidé par le Président de la République, qui joue le rôle de coach, le premier ministre étant une sorte de capitaine de l’équipe dans laquelle il joue selon le système de jeu défini par le coach. Ainsi, le capitaine n’a pas l’initiative de changement du système de jeu, c’est le coach qui en décide et qui sait qui remplacer, quand et par qui.

Le Président de la République n’étant pas responsable devant le parlement (car il n’est pas gestionnaire), ses actes administratifs et financiers sont placés sous la responsabilité du premier ministre qui les contresigne. Ainsi, tout dérapage du Président ou de la présidence retombe sur la tête du premier ministre qui en répond au parlement. Au même moment, le premier ministre, issu d’un compromis, n’a pas de contrôle suffisant sur les ministres, aussi longtemps que ces derniers ont la confiance du chef de l’État et de leurs familles politiques. Je ne connais pas, dans l’histoire récente du pays, le cas d’un ministre sanctionné par le premier ministre. A part le cas de retard des ministres aux réunions du gouvernement que Matata Ponyo essayait en vain de punir.

Rester seulement en ordre avec le raïs et le parti politique

Face au président soucieux de séduire les peuples et de consolider sa légitimité pour renouveler son mandat, le premier ministre s’efface dans l’action publique menée de main de maître par son chef-Président qui se dit « Homme de terrain ». On se demande qui doit rapport de terrain à qui entre le président et le premier ministre.

Ainsi, le premier ministre n’a aucune possibilité de maîtrise de l’économie nationale. On nomme les Administrateurs Délégués Généraux et des présidents des conseils d’administrations des régies financières sur base des calculs politiques et non sur base des compétences. Le premier ministre se contente de lire les rapports qu’ils lui fournissent sans aucune possibilité de les remettre en question tant qu’ils sont en odeur de sainteté avec le pourvoyeur du poste.

Le poste de premier ministre devient plus un avantage politique négociable qui est en jeu à toute occasion de tractations politiques. Il suffit qu’un dialogue ou des concertations soient convoquées pour que le mandat du premier ministre soit clôturé. Ainsi, ce poste devient un poste de jouissance et non de responsabilité. Voulez-vous étaler votre incompétence ? Devenez premier ministre en RDC.


Des agents sanitaires au cœur de l’intox contre Ebola à l’est de la RDC

Dans le langage collectif, ils sont appelés des « docta » ou mieux « docteurs ». Ces sont ces infirmiers, médecins, tradipraticiens, responsables des officines des ventes de médicaments qui s’occupent des premiers soins des malades dans des villages, quartiers, rues et avenues. Mais, nombreux d’entre eux doutent encore de l’existence de l’épidémie de la maladie à virus d’Ebola. Pourtant, ils sont des vrais leaders en matière de santé. S’ils doutent, qui encore peut être convaincu ?

Photo Medécins dans la rue à butembo
Médecins et infermiers protestent le 24 Avril contre la mort de Dr Muzoko © Djiress Baloki

 

Mercredi 24 avril, des infirmiers et médecins de Butembo, à 300 Km au Nord de Goma, à l’est de la RDC sont descendus dans la rue. Ils dénonçaient des violences et menaces en répétitions contre les centres de traitement et des agents de santé. Cette marche est intervenue après une attaque des cliniques universitaires du Graben, un centre hospitalier de Butembo. Une attaque qui avait causé la mort de l’épidémiologiste camerounais de l’OMS, Dr Muzoko. Mais peu nombreux ont été les médecins et infirmiers présents à cette manifestation. La manifestation s’est soldée par la signature d’une liste nominative de présence. Et donc une contrainte pour manifester et trop d’absences enregistrées.

Si certains justifiaient leur absence par leur sécurité, d’autres ont encore du mal à croire à l’existence de cette maladie. Dans des quartiers, rues et avenues, ces infirmiers et médecins sont des responsables de dispensaires, postes de santé et cliniques privées et des centres de soins naturels (tradipraticiens). Dans le langage collectif, ils sont appelés « nos docteurs ». Ce sont eux qui s’occupent des premiers soins, qui peuvent aller du traitement d’une petite fièvre à l’accouchement. Si lui, docteur de quartier, hésite encore à transférer des cas vers des centres de traitement d’Ebola, comment voulez-vous que ses malades puissent croire à la maladie ?

Suspicion des récompenses contre des cas signalés

A la déclaration de la maladie à Mangina en août 2018, des messages des experts de sensibilisation pour la prévention circulaient en boucle dans des radios locales de Beni et Butembo : « Si vous avez une fièvre, des vomissements, saignements… rendez-vous dans la structure sanitaire la plus proche ». Des populations se trouvant dans ces zones se sont mobilisées pour observer des règles d’hygiène. Des outils de prévention, de protection et même d’hygiène étaient visibles un peu partout. Certaines personnes avaient même acheté des gants pour éviter de se contaminer lors des salutations ou quand il faut palper plusieurs biens sans savoir qui les a touchés en premier. A l’entrée des endroits publics, des bureaux, des résidences, à des barrières des kits de lavage de mains étaient comme obligatoire. Mais tout d’un coup, ces sont des violences qui ont commencé.

>>>Lire aussi : Ebola, cette maladie qui modifie nos conditions d’hygiène

Des agents commis à la surveillance des structures sanitaires locales pour des éventuels cas avaient adopté l’« opération commando et traque de tous les cas de fièvre dans des structures sanitaires », au lieu de collaborer avec des responsables de ces structures. Cette opération est liée à la manière dont les agents de riposte se présentaient dans des postes de santé et autres structures sanitaires des quartiers. Le prélèvement de la température était le seul indicateur pour qu’un malade soit déclaré « cas suspect ». Et à la moindre alerte, un cortège d’une vingtaine de véhicules 4X4, roulant en vive allure, atterrissait pour embarquer le malade, sans même le consentement du personnel soignant de cette structure.

Centre de traitement d’Ebola à butembo © Photo Djiress Baloki, journaliste à Butembo

 

Cette « opération commando » avait soulevé des premières inquiétudes dans la population locale et des rumeurs selon lesquelles « des agents qui alertaient étaient payés au prorata du nombre de cas signalés » ont commencé à circuler. Au même moment des structures sanitaires qui survivent grâce aux factures payées par les malades ne savent pas s’en sortir après que les équipes de riposte embarquent leurs clients. Des rumeurs « d’extraire des organes humains » se propagent aussi. Dans la communauté, ces rumeurs s’associent à des menaces et intimidations contre tout agent commis officiellement au service de lutte contre Ebola.

Deux poids deux mesures s’observent aussi dans l’appui des organisations intervenant dans la riposte aux structures sanitaires. Plus votre structure présente des cas positifs, plus vous accédez à des assistances des organisations internationales et nationales. Des structures qui n’ont jamais présenté des cas se retrouvent abandonnées. Les responsables et les malades sont traqués à longueurs de journée.

Laisser libre court à l’automédication

Des infirmiers, médecins et tradipraticiens qui n’ont jamais été d’accord avec la riposte contre Ebola ont dû fermer les portes de leurs officines. « Ces agents de riposte nous mettent mal à l’aise et nous disent comment après plus de 10 mois nous ne sommes pas capables de présenter même un cas suspect ! Ils surveillent du matin au soir nos structures. Ils sont allés jusqu’à nous contraindre de fermer si nous ne voulons pas croire à l’existence de la maladie d’Ebola », se plaint un infirmier qui un poste de santé au centre-ville de Butembo…… En une journée, sa structure accueillait en moyenne dix malades, en majorité des opérateurs économiques. Aujourd’hui, ses clients l’invitent chacun chez lui pour un traitement en cachette.

Dans d’autres structures, à l’approche des équipes de surveillance des cas d’Ebola, les personnels soignants évacuent des malades de leurs centres hospitaliers, dispensaires et postes de santé. Ils disent protéger leurs clients. Ils sont ainsi appréciés, contrairement à ceux qui alertent à tout cas de fièvre, de vomissement ou de fatigue généralisée. De leur côté, des officines de vente des médicaments se font des bonnes recettes. Pas besoin d’y exposer l’ordonnance pour accéder à tel ou tel autre produit. Et les décès communautaires, des décès survenus à domicile se multiplient.

L’autre défi, c’est la contamination même au sein des hôpitaux. Selon les statistiques de la coordination de lutte contre Ebola à Butembo, 60% de cas ont été contaminés dans des structures sanitaires. D’où la réticence de se rendre aux soins et de suivre des traitements à domicile. Et Ça, c’est une catastrophe, c’est une vraie tragédie d’avoir des transmissions dans les endroits mêmes où les populations vont chercher des soins. Pour la population, certains médecins et infirmiers ne prennent plus le soin d’assainir leurs structures pour qu’elles bénéficient des aides des organisations internationales.

Cher personnel soignant, vous avez toujours accusé des politiciens, commencé par balayer votre case et jouer votre rôle de leader sanitaire.